Une question d'équilibre

Je l'ai déjà raconté, Glenn et moi avons eu envie d'avoir un enfant ensemble de longs mois avant l'arrivée de l'hippocampe dans notre vie. Cela n'a pas été une période facile. La patience n'est pas mon fort, j'ai du mal à supporter l'incertitude, et j'ai connu de nombreux moments de déprime. Pour autant, nous n'étions pas totalement malheureux. Nous n'avons jamais pensé que notre existence était vide sans enfant. Il y avait un manque dans nos cœurs, un creux dans nos projets d'avenir. Mais au quotidien, nous continuions d'être amoureux, d'avoir des passions, des loisirs. Nous n'avions même jamais assez de temps pour faire tout ce que nous avions envie de faire...

Et puis l'hippocampe a débarqué sur terre. Il a fallu lui trouver une place entre nous deux. Il a fallu lui donner de ce temps dont nous n'avions jamais assez.
Forcément, notre vie a changé. Forcément, il y a des choses que l'on ne fait plus, ou que l'on ne fait plus de la même façon. Cela reviendra. J'espère.

Bien sûr, nous trouvons normal de nous consacrer à ce petit être que nous avons choisi de mettre au monde, et qui a tellement besoin de nous.
Nous lui accordons la priorité, nous ne le laissons pas pleurer, nous lui offrons nos bras chaque fois qu'il les réclame. Et tant pis si nous sommes fatigués, tant pis si nous espérions un moment de répit, tant pis si nous avions envie de faire autre chose.
C'est lui d'abord, c'est comme ça.
 Mais cela n'empêche pas que le reste nous manque – parfois beaucoup.

Cela a pu occasionner même quelques disputes entre nous, parce que j'ai du mal à accepter ma propre insatisfaction, et surtout parce que je ne supporte pas d'entrevoir celle de Glenn. S'il se plaint, je l'entends trop souvent soit comme un reproche, soit comme un appel à l'aide auquel je me sens incapable de répondre : n'en fais-je déjà pas assez ? Comment pourrais-je l'aider à remplir son réservoir alors que le mien est vide ?

J'ai lu récemment deux articles qui m'ont parlé sur un blog que j'affectionne particulièrement, celui d'Happynaiss : ici et . Cela m'a fait du bien de me reconnaître, de nous retrouver dans ces lignes. Pourtant, je ne partage pas tout à fait la sérénité de leur auteure. Je ne me sens pas prête, je crois, à laisser ma vie ni mon couple entre parenthèses trop longtemps.
Peut-être suis-je de celles qui veulent trop, trop vite. Je l'ai déjà admis en tête de cet article, la patience n'est pas ma vertu principale.

Parfois, je me demande si je peux être une bonne mère tout en ayant autant besoin de retrouver certains aspects de ma vie d'avant. Me consacrer à mon bébé ne devrait-il pas me suffire, me combler ?
Parfois, je nous juge avec sévérité en nous voyant ne nous occuper de lui qu'à demi – le bercer debout (chhh-chhh-chhh) en lisant des blogs par-dessus son épaule, jouer en lui adressant quelques sourires alors qu'il est sur son tapis (je vous laisse deviner, pour chacune de ces actions, lequel des deux parents est le fautif)... Manque-t-il de quelque chose à cause de ces petits moments que nous lui volons ?

Je n'ai pas la réponse à ces questions. Je connais simplement ma facilité à me sentir coupable, alors je m'efforce de me montrer indulgente avec moi, avec lui. J'essaie d'accepter aussi que nous ne pourrons pas être parfaits – et de nous faire confiance : nous ne négligeons pas notre enfant, nous cherchons simplement quelques respirations.

Il paraît qu'avec le temps tout devient plus facile. Et c'est vrai, nous le constatons souvent.
Alors j'espère que bientôt nous retrouverons un semblant d'équilibre... et que notre vie cessera de ressembler à un éternel passage de relai parental !

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